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C’est le printemps! (foire aux livres)

9 Mai

Parce que c’est le printemps et que faire du tri fait du bien.

Parce que les livres n’aiment pas rester seuls sur des étagères et préfèrent voyager.

Vous trouverez ci-dessous la liste de (certains!) mes livres (tous en très bon état) qui attendent un nouveau propriétaire pour retrouver un second souffle.

Je ne les vends pas, je vous les offre (seuls frais: le remboursement des frais d’envoi).

Si vous êtes intéressés, envoyez moi un mail avec les titres souhaités et votre adresse (mail dans la rubrique A propos). N’hésitez pas à diffuser cette « annonce », pas d’obligations de lien avec le blog!

Belle journée à vous!

Crédit photo: MaxMet

Crédit photo: MaxMet

Essai

– Victor Hugo, espace et politique, jusqu’à l’exil de Franck Laurent

– Assises du roman Le Monde 2011

– Qu’est ce qui m’empêche de me sentir bien ? Laurie Ashner

– Cinq années de ma vie d’Alfred Dreyfus

– Sur la télévision de Pierre Bourdieu

– La plus belle histoire de la liberté d’André Glucksmann, Nicole Bacharan et Abdelwahab Meddeb

– Le principe responsabilité d’Hans Jonas

– Le juge et l’historien, considérations en marge du procès Sofri de Carlo Ginzburg

– Les identités difficiles d’Alfred Grosser

– Le contrat naturel de Michel Serres

– Méditer de Jon Kabat Zinn (avec cd)

– Un cœur intelligent d’Alain Finkielkraut

– Une rolex à 50 ans, a t on le droit de rater sa vie ? de Yann Dall’Aglio

– Tremblez mais osez du Docteur Susan Jeffers

– Pourquoi lire ? de Charles Dantzig (poche)

– Le calme retrouvé de Tim Parks

– Bohèmes de Dan Franck

 

Roman

– Je la voulais lointaine de Gaston Paul Effa

– Nos cheveux blanchiront avec nos yeux de Thomas Vinau

– J’étais la fille de François Mitterrand d’Elsa Flageul

– L’heure du roi de Boris Khazanov

– Banquises de Valentine Goby

– Le passage des éphémères de Jacqueline Harpman

– L’inconnu de Juliette Kahane

– Mourir est un art, comme tout le reste d’Oriane Jeancourt Galignani

– Un homme effacé d’Alexandre Postel

– Emprise d’Elsa Chabrol

– En retard sur la vie d’Eric Paradisi

– L’île des beaux lendemains de Caroline Vermalle

– La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joel Dicker

– Andy de Brigitte kernel

– L’illégitime de Carole Zalberg et Denis Deprez

– Si j’y suis d’Erwan Desplanques

– Silhouette de Jean Claude Mourlevat

– La battue de Gael Brunet

– Les filles d’Estoril de Margarida Rebelo Pinto

– Dire son nom de Francisco Goldman

– No présent de Lionel Tran

– Quand j’étais Jane Eyre de Sheila Kohler

– La femme du lac rouge d’Aurélie Airoude

– Le sourire étrusque de José Luis Sampedro

– L’été de la deuxième chance de Elin Hilderbrand

– N’oublie pas d’être heureuse de Christine Orban (poche)

– Mange, prie, aime d’Elizabeth Gilbert (poche)

– Seuls de Laurent Mauvignier

– Le goût amer de la justice d’Antonio Monda

– Des hommes de Laurent Mauvignier

– Le diable vit à Nothing Hill de Rachel Johnson (poche)

– Nos vies rêvées de Barbara Israël (poche)

– Désaccords imparfaits de Jonathan Coe

– Devenir immortel, et puis mourir d’Eric Faye

– Mariage Blanc de Valérie Zenatti

– Rosa Candida d’Audur Ava Olafsottir (poche)

– Les insurrections singulières de Jeanne Benameur (babel)

– Le goût du Mezcal de Miguel Sandin

– Les chagrins de l’arsenal de Patrick delbourg

– Oublier son passé de Karin Alvtegen

– Cris de Laurent Gaudé (babel)

– Cet été là de Véronique Olmi (poche)

– La maison Matchaiev de Stanislas Wails

– Extremement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer (poche)

– Mother India de Manil Suri (poche)

– Loin de Chandigarh de Tarun J Teipal (poche)

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Et pendant ce temps là…

6 Mai

Vous l’avez peut être remarqué, le blog est moins vaillant, moins fourni. Le rythme quotidien n’était plus possible à tenir et en ce moment même le 3-4 billets semaines est compliqué. Pour tout vous dire, la lecture n’est pas en grande forme non plus.

Ne vous inquiétez pas, rien de grave mais le besoin de me reposer et de me ressourcer un peu.

Le blog ne s’arrête pas, il ne prend pas de vacances non plus, mais un rythme de croisière un peu réduit. Deux billets par semaine, peut être plus si l’envie revient.

Je vais aussi accueillir des invités, le premier sera un de taille qui vous livrera, jeudi, un texte original sur la rencontre, celle de l’auteur et de ses lecteurs notamment.

 

Source

Source

 

Si vous aussi, vous avez envie de venir raconter des émotions, rédiger des billets de blogs sur des sujets qui vous touchent, n’hésitez pas à me contacter, c’est le moment!

Rendez vous demain pour une nouvelle interview d’écrivains!

Pêle mêle!

22 Déc

Quelques petites choses…

– Le concours lancé a pris fin, le tirage au sort a été effectué et c’est..Corinne (Couleur Café) qui va recevoir A défaut d’Amérique chez elle! (Corinne, peux tu m’envoyer ton adresse postale par mail? ). Pour les autres, merci infiniment pour votre participation et surtout, surtout, lisez les livres choisis, les choix étaient très bons et ils méritent d’être lus! Bibliothèque ou librairie, peu importe mais lisez les!

– Si vous avez envie de me lire ailleurs et surtout si vous avez envie de connaître davantage Soutine, allez faire un tour chez Villa Noème (souvenez vous, je vous avais présenté ce webmagazine ici même). J’ai réalisé ma première interview et c’était passionnant… Si mon quotidien pouvait ressembler à cela… (attention, l »insatiable- insatisfaite est de retour!)

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– N’oubliez pas mes appels à témoins pour me parler de votre parcours, de vos rencontres ou de vos jolis projets. Petit rafraichissement de mémoire: ICI!

– Et surtout passez de très bonnes fêtes de Noël! Pour ceux qui ne le fêtent pas, profitez bien de votre jour de congé!!

On se retrouve mercredi pour parler livres évidemment!

Voyage avec Matisse #4

20 Déc

Fenetre a Tahiti-border

Suzanne et le maître (épisode 4. Fin)

Le lendemain, il vint me chercher dans ma chambre très tôt, nous partîmes alors que le soleil se levait à peine. Il voulait que nous passions la journée à un endroit particulier de l’île. Le point de vue était superbe, les couleurs éclatantes. Des odeurs enivrantes nous chatouillaient les narines. Nous restâmes, à nouveau, silencieux pendant plusieurs heures, je commençais à percevoir les vertus de l’ennui, la capacité à ne rien faire mais à absorber les choses, à laisser le monde venir à soi. L’après-midi, nous prîmes chacun dans nos cahiers et nos crayons.

La journée avait été épuisante de silence et de bruit, de calme et de fureur, tout s’était emmêlé. Ressentir le matin, tout exprimer avec ferveur l’après-midi, voilà le rythme que nous avions adopté. Je me sentais grandir enfin, j’avais en deux jours appris beaucoup plus sur la vie et sur mes envies que pendant les vingt premières années de ma vie.

Arrivés à l’hôtel, heureux à la perspective de dîner au bord de la mer et pouvoir enfin échanger nos impressions de la journée, une mauvaise nouvelle nous attendait : Marguerite était malade. Un télégramme demandait à Henri de rentrer au plus vite, une mauvaise fièvre la torturait et on craignait pour sa vie.

Après avoir découvert l’homme puis le peintre, je me retrouvais face au père, soucieux et dont le visage ne reflétait désormais plus que l’angoisse. Il m’ordonna de faire mes bagages en hâte. Nous prîmes le premier bateau pour la France.

Arrivés à Nice, je le remerciais de tout mon cœur. Il me regarda longuement et d’une voie douce mais ferme, il me dit :

–       Vis ta vie Suzanne, ne t’occupe ni des convenances ni du bien pensé ambiant. Fais ce que tu penses devoir faire, sans concessions, avec toujours cette envie et cette fureur. Ne transige pas. Vis !

Je le regardais partir, il se retourna et m’adressa un dernier regard. Ce fut mon dernier souvenir de lui, la guerre fit sous œuvre et nous éloigna. Mais toujours résonnent en moi ses paroles et son regard et cette injonction : Vis Suzanne !

 

—– FIN ——

Voyage avec Matisse #3

19 Déc

tahiti

 

Suzanne et le maître (épisode 3)

Le soleil me réveilla, trop fatiguée la veille je n’avais pas tiré les rideaux. La chambre était baignée d’une lumière douce et enivrante. Je me sentais mieux et surtout je m’étais promis de profiter de cet instant. Je m’habillai et descendis au restaurant. Le serveur me dit que mon ami était parti et qu’il fallait le retrouver dans les jardins de l’évêché. Je pris mon petit déjeuner et le serveur m’indiqua la route pour me rendre au point de rendez-vous. Je l’aperçus au loin, assis, un cahier de dessins sur ses genoux, scrutant l’horizon puis fermant soudainement les yeux avant de s’armer de son crayon et de dessiner avec fluidité.

Je m’approchai. Il tourna la tête et me sourit.

–       Bonjour Suzanne, ça va mieux ?

–       Oui, oui, merci.

Je m’assis près de lui et là, sans que rien ne laisse présager, il commença à me raconter sa vie, son enfance dans le Nord, la vie que son père avait tenté de lui imposer, sa crise d’appendicite à vingt ans qui l’avait sauvé d’une vie terne, une crise qui lui permit de devenir qui il est. Il me parla de ses garçons Jean et Pierre, de l’amour qu’il portait à sa fille Marguerite et enfin de sa découverte du soleil et de la lumière.

Il m’expliqua ensuite qu’il fallait que je devienne libre, que la vie ne valait la peine que si on savait pourquoi on était venu au monde et que l’on mettait tout en œuvre pour le réaliser.

Il m’encouragea à suivre mes rêves, il devinait qu’ils avaient un lien avec les mots. Il avait remarqué que j’avais toujours un carnet dans la poche et un crayon mais que le dessin n’était pas ce qui semblait me faire vibrer.

Il se tut. Nous n’avions pas bougé pendant ce long monologue, chacun posant le regard au loin.

Je pris mon carnet et les mots s’imposèrent, je ne contrôlais plus mon stylo, il prenait vie sous mes doigts. Pendant ce temps, Henri dessinait.

Mon carnet rempli, je levai la tête. Henri me regardait, il me tendit une feuille qu’il avait détachée de son carnet. C’était moi. Il avait déjà réalisé des portraits quand j’étais petite, mais celui avait une intensité qui me troubla. Il m’avait dessiné en train d’écrire et mon visage accueillait une expression que je ne connaissais pas.

–       C’est ça, Suzanne. C’est cela ta raison de vivre, tu n’as pas le même visage quand tu écris, tu es possédée par ce que tu fais. C’est cela que tu dois exploiter et ne laisser rien ni personne te détourner de ton but… Ne laisse personne rêver à ta place !

Je relevai la tête, les yeux remplis de larme. Je lui murmurai simplement un Merci.

Il me prit par la main pour m’aider à me relever. Nous marchâmes pendant un long moment. J’arrivais enfin à sortir de ma coquille pour lui parler. Je lui confiais mes rêves enfouis, ceux que je n’osais qu’effleurer la nuit, que jamais je n’avais conceptualisés de peur qu’ils s’évanouissent.

D’une bienveillance lucide, il m’enveloppa de paroles qui allaient me guider dans la vie, me pousser à ne jamais renoncer aux belles choses, à toujours être exigeante, à construire mon destin.

Nous rentrâmes à l’hôtel épuisés par cette longue marche, nous dinâmes d’un repas frugal et le sommeil nous attrapa rapidement.

(A suivre… demain)

Voyage avec Matisse #2

18 Déc

croquis tahiti

Suzanne et le maître (épisode 2)

Vous pouvez retrouver le début de l’histoire dans l’article d’hier.

Une fois le bateau à quai, un homme qu’il semblait connaître porta nos bagages jusqu’à l’hôtel. Un hôtel sur le port, avec pour horizon les bateaux et plus loin la mer, mais surtout ce ciel incandescent qui m’impressionnait. Henri me dit de déposer mes affaires dans ma chambre et de le rejoindre dans la sienne. J’entrais, il était assis face à la fenêtre. Il me fit signe de m’approcher et me désigna la chaise voisine à la sienne. Je m’assis. Toujours sans un mot, il me fit comprendre qu’il fallait juste que je regarde dehors.

Nous restâmes deux heures dans cette position, dans ce contraste saisissant entre le silence de la chambre et l’effervescence du port qui nous parvenait par petites touches. Nous n’avions pour seule ouverture sur le monde que cette fenêtre qui nous offrait le ballet des pêcheurs préparant leurs bateaux pour le lendemain, le tout baigné dans un soleil si rouge qu’il nous brûlait les yeux. Au loin, la mer semblait calme et sereine, se préparant pour la nuit.

J’avais bien compris que je n’avais pas le droit de bouger ou de parler tant qu’il ne l’aurait pas décidé. Le premier quart d’heure fût excitant, je découvrais cette nouvelle vie, je savourais le bonheur d’être ici, à côté d’Henri. Mais la première demi-heure écoulée, le temps commença à me sembler long. Je n’arrêtais pas de gigoter sur ma chaise tandis qu’Henri demeurait le regard fixe, le dos droit, ne montrant aucun signe d’ennui ou de fatigue.

Une fois que le soleil fût couché, Henri se leva et me proposa d’aller dîner au restaurant de l’hôtel. Je le suivis sans bruit, encore un peu étourdie par ce long silence et cet instant étrange que je venais de vivre.

On s’assit à une table de la terrasse, qui faisait face au port. Henri commanda un poisson grillé et une limonade. J’en fis de même. Nous n’avions toujours pas échangé un mot, à l’exception de l’invitation à dîner. J’avais peur de troubler sa tranquillité, de rompre quelque chose.

Il semblait totalement différent de ce voisin que je croyais connaître. Il semblait mesurer les choses, les étudier profondément, les happer pour mieux les retranscrire, plus tard.

C’est lui qui brisa le silence me demandant comme je me sentais.

Je répondis que j’étais un peu fatiguée par le voyage mais que cette île semblait vraiment intéressante et que j’avais hâte de la découvrir davantage le lendemain.

Il sourit, avec dans les yeux une lueur pétillante et pleine de bienveillance que je ne lui connaissais pas et dit :

« Tu sais, Suzanne, j’étais comme toi avant. Je voulais dévorer les choses. Je pensais que le temps laissait filer le bonheur, qu’il fallait tout saisir, tout de suite. Devenir ce que l’on doit être à tout prix. J’avais cette revanche à prendre sur les années d’ennui, sur les moments où mon corps ne voulait plus faire ce que ma tête lui dictait. J’ai eu cette effervescence en moi jusqu’au moment où j’ai su pourquoi j’étais fait, où j’ai compris ce pourquoi j’étais venu au monde : peindre et révéler le monde. Ce jour-là, l’impatience s’est transformée en ferveur et en force créatrice. Mais j’ai appris aussi à attendre, à me nourrir pour ensuite créer, à observer, à ressentir. Tout n’est pas en toi, il faut t’accrocher aux choses, aux gens ; leur laisser de la place pour qu’ils approchent, pour qu’ils laissent leurs traces.  »

Avec sa barbe blanche et sa longue tunique, il avait l’air d’un sage. Je le savais fougueux et tempétueux pourtant. C’était un être complexe, c’est sans doute cela qui faisait sa force. Il était d’une exigence sans faille, doublée d’une soif de vérité absolue. Il résumait souvent sa vie à une quête, celle de l’œuvre ultime, celle qui révélerait sa propre beauté au monde.

Au moment où le serveur apporta les plats, je n’avais toujours pas osé parler. La fatigue n’aidait pas mais j’avais surtout l’impression d’être une petite fille idiote face à ce grand homme. Une gêne s’installait alors que je le connaissais depuis toujours. Je me trouvais ridicule car je n’arrêtais pas de trouver absurde les gens qui attachaient de l’importance à ce que faisaient les gens. Il fallait aimer une personne pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle réalisait. Et pourtant, j’étais figée par la peur de mal faire, par la peur surtout de le décevoir.

Il me demanda à nouveau si je me sentais bien. Je lui répondis timidement que j’étais vraiment fatiguée et que j’avais besoin de me reposer. Il me souhaita bonne nuit et je montai m’enfermer dans ma chambre. Je m’endormis sans trop de difficultés après avoir versé quelques larmes.