Sandra Reinflet est indescriptible! J’ai cherché comment intituler l’ interview de Sandra, j’ai tourné cela dans tous les sens mais elle est tellement multiforme qu’il est impossible de la définir en un mot (quoi qu’ insatiable serait peut être le bon, non?!). Elle chante, écrit, voyage, aime, partage. Elle vit à 1000%!
Alors après lu 81 femmes, je lui ai écrit pour lui dire combien j’aimais son projet (faire le tour du monde à la recherche des femmes incroyables), on a discuté un peu… et puis j’ai suggéré l’interview Quand je serai grande. Elle m’a répondu: Attends, j’ai un projet qui doit sortir, c’est un peu compliqué. Elle a tenu, a persévéré et a fini par nous offrir le fracassant Je t’aime maintenant (une merveille, alors dépêchez vous si vous ne l’avez pas chez vous!). J’ai eu la chance de croiser son joli sourire et son regard pétillant et la voilà aujourd’hui sur le blog.
Sandra est une de ses rares et belles personnes que vous croisez et qui vous éblouit, tant par son talent que par sa gentillesse et sa générosité! C’est une femme solaire et qui fait du bien!
1.Avant vous étiez… et aujourd’hui vous êtes…
Quand j’étais petite, je prétendais m’appeler Marine Goodmorning (« Good » et « morning » étant les seuls mots de vocabulaire de ma connaissance) et être chanteuse, écrivain, photographe, voyageuse. J’ai un peu oublié ce rêve au détour d’une école de commerce, pour y revenir, et m’y accrocher pour de bon. Aujourd’hui je sors mon deuxième livre, Je t’aime [maintenant] aux éditions Michalon.
2.Quel a été l’élément déclencheur ?
Pour le changement de voie en général, un accident de voiture, l’année de mes vingt ans, qui m’a fait réaliser que je n’avais pas forcément soixante années devant moi pour réaliser mes rêves d’enfant.
Puis, une éruption volcanique, lors du tour du monde que je réalisais en 2006, qui m’a laissé entendre que j’étais sur le bon chemin.
Ce livre, lui, est né à un retour du Canada, au cours d’une insomnie. Je venais de vivre une très jolie et platonique histoire avec un Québécois, en avais raconté les détails à mes amies : « avec les débris de verre de son pare-brise, il m’a fabriqué une bague… il est venu me chercher, par surprise, dans un chalet à 400 kilomètres de Montréal pour m’accompagner à l’aéroport », etc. Elles étaient enthousiastes tendance ado-romantico-cuculs, jusqu’à la question qui tue : « et alors, vous allez vous revoir ? » et ma réponse, tombant comme un couperet : « non ». A elles seules, ces trois lettres anéantissaient à leurs yeux la valeur de l’histoire. Comme si une relation ne comptait que si elle était durable, concrétisée.
Cette nuit-là, les contours de Je t’aime [maintenant] se sont dessinés, presque seuls, sur le cahier qui trône au pied de mon lit : j’allais retrouver les 24 personnes ayant composé mon histoire d’amour, depuis l’enfance, et ne raconter qu’une heure avec chacun. J’allais ensuite leur demander de me révéler un souvenir avec une autre, pour qu’ensemble, nous acceptions le fait de ne pas être l’unique à composer l’histoire de l’autre – même si nous l’avons été, ne serait-ce qu’un instant.
3.Depuis quand murissiez-vous ce projet ? Quel a été le délai avant de le mettre à exécution ?
Cette idée m’est venue il y a deux ans, presque exactement. Entretemps, il a fallu rassembler les souvenirs, puisque bien sûr, les plus récents occupent plus de place. J’ai creusé pour retrouver le premier amour de bac à sable, l’idole fantasmée devant un poste de télévision, mon premier baiser, celui qui n’a pas voulu, ou pas su. Les histoires qui marquent ne sont pas seulement celles qui ont existé.
Il a ensuite fallu les contacter. Les rejoindre, parfois en Slovénie, en Espagne, au Canada ou en Autriche, et puis trouver la manière d’en tirer un travail dans lequel chacun puisse se reconnaître. Lorsque l’on sculpte à partir du réel, on se retrouve pris dans un triangle complexe : être sincère avec soi-même, penser au lecteur et à la manière dont il pourra s’approprier l’histoire, ne pas trahir ceux dont on parle, sans pour autant être complaisant.
Le jour où j’ai adressé le PDF du livre à toutes les personnes qui ont accepté d’y participer, j’étais incapable de manger (signe de situation extrême chez moi car j’ai un appétit sans fond). A ma grande surprise, ils ont tous été, sinon enthousiastes, du moins bienveillants. Cela m’a rassurée sur le fait que nous ne nous sommes pas aimés par hasard.
4.Votre formation ou vos expériences précédentes sont-elles proches de votre travail actuel ? Si elles sont totalement différentes, quels sont les atouts que vous retirez de votre cursus ?
J’ai fait un master en marketing. L’idée m’est venue d’un conseiller d’orientation, alors que j’étais en terminale littéraire option arts. Soudain, je réalisais que les études de lettres auxquelles je me destinais pour devenir prof me mèneraient à une carrière qui ne me ressemblait pas. Encore aujourd’hui, je suis la reine de l’impatience, déteste que les choses soient prévues ; j’ai même fait une chanson de ma devise « Tant que la roue tourne, que la routine m’échappe… » Alors l’enseignement…
Après des tests, ce conseiller m’a dit : Vous aimez voyager, entreprendre, êtes passionnée de langues étrangères, cette école vous ira comme un gant. Je me suis prise au jeu, jusqu’à cet accident, qui a agi comme un révélateur.
Même si j’ai le sentiment de n’avoir pas tiré de réelles connaissances de ces cinq ans d’études, je ne peux pas nier que cela m’a appris à rendre les projets possibles. Croire en soi et mettre les moyens de réalisation nécessaires, pour tenter de toucher ses rêves du doigt.
5.Qu’est ce qui compte le plus : le culot, l’expérience ou les études ?
Le culot, mais au-delà, je dirais l’intuition.
6.La qualité essentielle pour la réussite du projet
La persévérance. Et l’envie, dont il faut une bonne dose en stock pour la rendre contagieuse.
7.La question indispensable qu’il faut se poser (et à laquelle il faut avoir répondu pour se lancer dans cette aventure ?)
Pas trop de questions justement. Juste essayer. Oser.
8. Si vous deviez regretter une chose
Ne pas avoir appris la musique plus jeune. Mais j’y remédie puisque je suis élève au conservatoire depuis quatre ans. J’aime à croire qu’il n’est jamais trop tard (tant qu’il y a de la vie…).
Et puis, je regrette mille petites choses au quotidien : de n’être pas allée où je l’avais promis, de n’avoir pas été assez attentive à quelqu’un… Sous mes pseudo-airs de happy hippie, je suis une grande angoissée.
9.Vous sentez-vous aujourd’hui pleinement épanouie et à votre place ?
A ma place oui. Ensuite, je ne suis pas encore arrivée où je l’espérais, c’est à dire à une reconnaissance suffisante pour me permettre de rendre chaque nouveau projet plus simple à réaliser. J’ai choisi de ne pas être spécialiste, de m’essayer sans cesse à des outils différents. Le prix à payer pour cette liberté est de tout reprendre à zéro, à chaque fois, et de devoir « faire ses preuves » – expression que je déteste d’ailleurs. Mais plus tard, quand je serai grande, j’espère que j’arriverai à rêver moins fort, à me contenter des murmures.
10.Si un seul conseil devait être donné, ce serait…
Vous n’avez rien à perdre.
11.Le mot de la fin…
J’ai faim justement. Il paraît que c’est bon signe.