Kanou le jeune garçon intrépide ; Ahmma la servante aimante d’une tendresse infinie, Galta la mère en quête d’essentiel, Lalchen le père s’oubliant dans la musique, Angèle l’étrangère en son pays, Malenti, la petite fille que l’on voudrait tant entendre rire et parler.
Ils sont le peuple de nouveau roman de Fanny Saintenoy. Ils sont ceux que L’inde, personnage central du roman, fait d’eux. Ils sont ces personnages singuliers et attachants qui se débattent avec le rôle que leur a attribué le destin.
120 pages d’une précision rare, d’une densité que l’on découvre une fois le roman fermé, tant on semble avoir passé des centaines d’heures dans les rues de Pondichéry, tant la pluie a coulé sur le visage du lecteur, tant les odeurs et les couleurs sont tenaces. Les mains pleines de poussière rouge et le cœur gorgé de souvenirs, on referme doucement les pages de ce roman puissant, comme on rentrerait d’un long voyage.
On y trouve une folle richesse dans ce roman : de la quête de l’essentiel à la nécessité de se faire rencontrer les solitudes pour ne pas devenir fou, savoir que l’autre peut être une réponse. Accepter de panser les plaies, les siennes et ceux des autres. Parler quand le silence est assourdissant et vivre pleinement, spirituellement mais littéralement aussi, avec une exploitation de tous les sens.
Une écriture limpide et fournie, où l’on sent chaque mot à sa place. Chaque chapitre est un monde, une sensation, un sentiment. Chaque chapitre pourrait presque être une nouvelle à part entière, tant il fait voyager d’un bout à l’autre du globe, d’un bout à l’autre de l’âme humaine.
Un roman saisissant qui fait du bien, qui rassure sur les beaux lendemains, sur le but de cette quête éternelle de sens.
Une confirmation du talent de conteuse de Fanny Saintenoy après Juste avant, une confirmation de sa capacité à nous emmener au plus profond de son sujet!
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Extraits
« Elle sait la force des mots, justement, et c’est pour cela qu’elle s’y raccroche si souvent. Elle se blottit dedans par manque de bras ouverts, par crainte du silence. Elle y exerce à voix haute des sentiments jamais convoqués, les vers la retiennent comme des lianes. Sa carcasse est tellement lasse, mutique à tout plaisir, inutile malgré sa santé de fer, Angèle se sent vieillir. Et elle a peur, de la folie et du vide. »
« Mais elle n’était utile à personne et ne produisait rien. La musique et l’homme qu’elle aimait l’ont laissée sur les lisières et, peu à peu, lui ont fait nourrir un chagrin amer. Ils s’étaient éloignés tout doucement, un pas par jour d’absence c’est indolore, une passion diluée note par note, au quart de ton.»