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Dis, Karine, c’est quoi un éditeur?

6 Juin

Il y a peu je vous parlais de mon aventure de lectrice aux éditions Charleston, Karine, éditrice dans cette maison, a accepté de répondre à mes questions ! Vous pouvez retrouver toutes les infos de la maison d’éditions sur son site!

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1. Qu’est ce qu’être éditeur ?

Un éditeur c’est à la fois un lecteur et un promoteur d’auteurs. Nous sommes des intermédiaires entre un texte et des lecteurs. Notre rôle est de détecter les textes qui valent la peine d’être lus et de les faire « passer » aux lecteurs.

2. Pourquoi vouloir devenir éditeur ?

Parce que, pour reprendre le titre des mémoires de la grande éditrice Françoise Verny, c’est le plus beau métier du monde ! Et c’est un métier ou rien n’est jamais sûr, il n y a aucun mode d’emploi et on recommence tout a zéro pour chaque livre.

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3. Comme définir votre ligne éditoriale ?

Lorsque ma fille est née, je vivais a New York loin de ma famille et de mes amies. Pour me donner de la force entre deux nuits blanches, je n’avais qu’une envie : lire des belles histoires, bien écrites et bien construites, de belles histoires de femmes fortes. C’est ça, la ligne éditoriale des éditions Charleston, des livres féminins et féministes qui donnent la joie de lire !

4. Quelle est la place de l’éditeur dans le monde du livre ?

L’éditeur est le chef de projet, le chef d’orchestre. A partir d’une idée, d’un coup de cœur, d’une découverte à laquelle il croit, il met en branle une machinerie incroyable : de l’idée au livre entre les mains des lecteurs !

5. Le livre que vous auriez rêvé d’éditer :

J’aurais rêvé d’éditer beaucoup beaucoup de livres ! A commencer par Jane Austen, les sœurs Brontë, Sagan et puis, Helene Grémillon, l’auteur du Confident, Catherine Cusset, etc

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6. Trois mots pour définir la relation auteur- éditeur :

Partenaire, confiance, respect

7. Trois qualités essentielles pour qu’un premier roman soit publiable :

Chez Charleston, on recherche des belles histoires, avec un cadre, une intrigue, un personnage. La qualité de l’écriture est aussi un critère essentiel.

8. L’auteur que vous éditeriez les yeux fermés :

Un manuscrit cache de Jane Austen !

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9. L’avenir du livre, vous l’imaginez comment ?

Un avenir très riche dans lequel le métier d’éditeur va encore beaucoup évoluer, les lecteurs aussi, et c’est tant mieux.

10. La question que vous aimeriez que l’on vous pose :

Vous les avez toutes déjà posées. Quelle intervieweuse cette Charlotte 😉

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Dis, Véronique, c’est quoi un éditeur? (édition Au delà du raisonnable)

9 Avr

Véronique Ducros, journaliste, a lancé en 2010 sa maison d’édition: Au delà du raisonnable. Portée par une passion intacte et l’envie de proposer autre chose dans le monde du livre, elle vient vous livrer ses secrets d’éditions…

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1. Qu’est-ce qu’être éditeur ?
Découvrir en lisant, imaginer comment accompagner le texte qui nous a emporté auprès de son public. L’éditeur est un passeur… Et un gestionnaire aussi, mais le plaisir réside presque toujours dans la transmission, rarement entre les lignes des feuilles de calcul.

2. Pourquoi vouloir devenir éditeur ?
Par goût de la maïeutique. Éditer fait appel à des compétences très différentes de la création pour laquelle nous avons un grand respect et qui resterait lettre morte sans ce “ service après-conception “.

3. Comment définir votre ligne éditoriale ?
Au-delà du raisonnable publie des œuvres de fiction, et depuis 2012 des livres d’art photographique. Les romans que nous choisissons sont en prise avec les aspects sociétaux, l’Histoire, nous publiaons principalement de la littérature noire.

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5. Le livre que vous auriez rêvé d’éditer : De Sang froid, de Truman Capote.

6. Trois mots pour définir la relation auteur- éditeur :  partenariat, respect, compréhension de l’autre. Pour ma part, j’évite toute collaboration avec les auteurs qui ne partagent pas cette conception du travail ensemble.

7. Trois qualités essentielles pour qu’un premier roman soit publiable :
Qu’il ne soit pas écrit “à la manière de”, que le style, la forme soient au service du fond et non le contraire, qu’à aucun moment de la lecture on n’ait l’impression qu’il appartient à une famille de romans au point d’en être devenu un membre banal.

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8. L’auteur que vous éditeriez les yeux fermés :

Éditer les yeux fermés, c’est faire un coup marketing sur le nom d’un auteur bankable. Je n’éditerai personne les yeux fermés (même si je subodore que ce n’était pas votre question).

9. L’avenir du livre, vous l’imaginez comment ?
Numérique et imprimé, une cohabitation des supports, avec, à assez court terme, une supériorité en volume pour le numérique.

10. La question que vous aimeriez que l’on vous pose :
Que pensez-vous de la notion de nouveauté en littérature ?
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11. Et la réponse ? (Ça va être long, il ne fallait surtout pas me poser cette question !)
La notion de nouveauté est une ineptie et si un jour un phénomène tue le codex ce sera celui-là. Les nouveautés sont le levier d’une sorte d’économie virtuelle emballée : les livres sont produits en masse par les gros éditeurs pour occuper le terrain (les têtes de gondoles, les tables des libraires, l’espace médiatique) et en chasser les productions à moins gros budget, ne bénéficiant pas de réseaux de distribution-filiales (qui rapportent plus d’argent que les livres eux-mêmes) ni de grosses machines de guerre promotionnelles (concentrées le plus souvent sur quelques titres seulement de leur catalogue de l’année, les autres titres étant laissés dans une ombre épaisse). De l’aveu même de certains employés des majors, jusqu’à deux tiers du volume des livres imprimés partent au pilon. Les nouveautés asphyxient les libraires, les journalistes, l’ensemble de l’édition indépendante, à savoir l’immense majorité de la filière. C’est un système qui va mourir en faisant de longs dégâts et qui en attendant cache au public la vérité il y a autant d’excellents romans et d’œuvres potentiellement impérissables chez les petits que chez les gros (au bas mot ;-).

Dis, Claire, c’est quoi un éditeur?

19 Mar

Claire Debru a une multitude de cordes à son arc: traductrice, critique littéraire, auteur d’un blog, elle est aussi éditrice et a eu l’excellente idée de créer la collection Les affranchis chez NIL!

Elle revient aujourd’hui sur le métier d’éditeur!

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1. Qu’est ce qu’être éditeur ?

Savoir regarder en arrière, lever le nez vers les cimes sans se laisser troubler par ce qui traîne sur l’asphalte, comme Guillaume Zorgbibe (Editions du Sandre). Promener dans chaque atome de sa chair l’amour des recherches enfiévrées, comme Gérard Berréby (Allia). Associer les fondements de la philosophie, les pépites secrètes de la littérature, l’art de voyager et l’élégance de l’imagination, comme Lidia Breda (Payot/Rivages). Choyer passionnément le papier, la reliure, la typographie, comme Dominique Bordes (Monsieur Toussaint Louverture). Oser la poésie, les œuvres des névropathes, les engagements fantaisistes, les querelles germanopratines, comme Jean-Jacques Pauvert, Gérard Lebovici, Eric Losfeld, Jean-Paul Bertrand…

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2. Pourquoi vouloir devenir éditeur ?

Pour la plupart d’entre nous, c’est le moyen le plus simple de passer sa vie à lire. Mais de toute façon, quand on aime les livres, quel que soit son métier, on est forcément à la fois lecteur, libraire, critique et éditeur, à sa façon.

3. Comme définir votre ligne éditoriale ?

Dans la collection « Les Affranchis », elle a le mérite et la faiblesse d’être très définie, justement. Un auteur doit écrire une lettre unique dont la parution lui semble fondamentale, qu’il choisisse de l’inscrire en territoire autobiographique ou fictionnel.

4. Quelle est la place de l’éditeur dans le monde du livre ?

Déterminante et cependant menacée. Vu de l’extérieur, l’éditeur est perçu comme un grand manitou capricieux qui ne songerait qu’à cirer les Berluti des « écrivains parisiens » et publierait sans lire. Soyons clairs, ce personnage a existé. Les seuls spécimens de cette race qui subsistent aujourd’hui appartiennent à la génération des sexagénaires. Ils sont riches, puissants, déterminés à rester en place jusqu’à la mort comme à tuer tout talent qui se présentera devant eux. Pour l’éditeur qui a entre vingt-cinq et quarante-cinq ans, la chanson n’est pas la même. A l’intérieur d’une maison, il livre une bataille permanente pour imposer un manuscrit, obtenir une couverture et un lancement de communication cohérents, esquiver le sabotage induit par des principes de marketing aberrants et une économie suicidaire. Bien sûr, le métier d’éditeur est de plus en plus « externalisé » : pas de statut de salarié, des contrats au lance-pierre, une rémunération à l’avenant, mise à distance et absence de reconnaissance du travail accompli. Enfin, il y a les éditeurs lassés de ces deux situations, qui créent leur propre structure et risquent de se voir rachetés par un groupe au premier grand succès. Aujourd’hui, comme dans tant d’autres domaines professionnels où règne cette « logique de groupe », un éditeur est un résistant actif sur tous les fronts. Mais à ceux qui pensent qu’il se contente de déceler la perle rare dans une pile de manuscrits, ce qui est d’ailleurs moins simple qu’il n’y paraît, rappelons que souvent, à l’origine d’une œuvre se trouve un éditeur.

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5. Le livre que vous auriez rêvé d’éditer :

Salammbô, pour lui créer un accent circonflexe sur mesure et être toujours au service des exigences de Flaubert !

6. Trois mots pour définir la relation auteur- éditeur :

Confiance, exigence, constance.

7. Trois qualités essentielles pour qu’un premier roman soit publiable :

Une seule : le style.

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8. L’auteur que vous éditeriez les yeux fermés :

Aucun. Le moins que puisse faire un éditeur, c’est de garder les yeux ouverts !

9. L’avenir du livre, vous l’imaginez comment ?

En France, nous faisons pour le moment un usage rationnel du numérique, qui ne met pas immédiatement en péril l’édition imprimée des œuvres contemporaines. En revanche, notre patrimoine littéraire va souffrir d’une mise à disposition massive sous forme électronique. Mais l’avenir du livre reste assuré : d’abord, on ne tue pas une technologie parfaite, et puis les bibliophiles, qui sont de plus en plus nombreux, ainsi que les lecteurs amoureux d’éditions bien faites, n’ont que faire d’objets immatériels. Or, qui achète, et à quel prix ?

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10. La question que vous aimeriez que l’on vous pose :

«  Si vous aviez une baguette magique pour changer le destin d’écrivains que vous avez aimés, que feriez-vous ? »

11. Et la réponse ?

Je ferais accepter La Conjuration des imbéciles par un éditeur américain avant que John Kennedy Toole ne mette fin à ses jours, je ferais poser un pacemaker à Balzac pour qu’il vive et écrive plus longtemps, j’obligerais Napoléon à vendre la Louisiane vingt fois le prix payé pour que cet argent serve à financer la publication de poésie française tout au long des XIXe et XXe siècles.

Dis, Stéphane Million, c’est quoi un éditeur?

26 Fév

J’avais envie de partir à la rencontre des éditeurs (bientôt les libraires?), un autre maillon de la châine. Voici donc la première d’une nouvelle rubrique sur le monde de l’édition, à paraître en alternance avec les interviews d’auteurs!

S’il fallait définir Stéphane Million par rapport aux romans qu’il publie, on le qualifierait aisément de poétique, rêveur, rockeur, écorché et sensible. Il est sans doute un peu de tout cela et bien plus encore.

 

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1. Qu’est ce qu’être éditeur ?

Un solitaire qui aime lire, qui aime bien parfois voir des gens, dont des auteurs pour discuter et s’enthousiasmer, et qui aime enfin partager ses coups de cœur en espérant convaincre quelques lecteurs. Et ainsi de suite.

2. Pourquoi vouloir devenir éditeur ?

Pour faire des boucles : lecture, enthousiasme, livre en librairie. C’est comme une course sympa avec des étapes. Des tentatives de fuite aussi.

3. Comme définir votre ligne éditoriale ?

Des premiers romans, des voix qui me plaisent, une littérature contemporaine, plutôt poétique et un peu rock.

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4. Quelle est la place de l’éditeur dans le monde du livre ?

Il est là. Dans les trois, avec l’auteur avec qui il joue à l’œuf et la poule et le libraire. Et par bonheur, des lecteurs.

5. Le livre que vous auriez rêvé d’éditer :

Je suis ni fan ni fétichiste.  Avec la revue Bordel (collectif d’auteurs), j’ai « bossé » avec tous les auteurs que j’aime.

6. Trois mots pour définir la relation auteur-éditeur :

Enthousiasme, camaraderie, confiance.

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7. Trois qualités essentielles pour qu’un premier roman soit publiable :

J’en sais rien, que sa voix me plaise, que j’entende quelque chose dans le texte.

8. L’auteur que vous éditeriez les yeux fermés :

Il ne le faudrait pas.

9. L’avenir du livre, vous l’imaginez comment ?

Je ne m’inquiète pas du tout sur l’avenir du livre, qui a peu évolué depuis le codex. Les liseuses, tout ça, le numérique, c’est une complémentarité (pour les vacances, pour les trajets…). Je suis plus inquiet sur l’avenir des lecteurs…

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10. La question que vous aimeriez que l’on vous pose :

Ça va ?

11. Et la réponse ?

Ça va, et vous ?

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