« Voilà ce qu’il faudrait répondre. Je veux tout parce que c’est la seule manière que j’ai de vivre, me glisser dans les cris des autres. Juste parce que, moi, je ne sais pas faire, crier.
A quel moment est-ce que j’ai compris ça, qu’il me faudrait lire, beaucoup, pour toutes les vies que je n’aurai pas? Moi, si j’étais une autre, si j’étais cent autres, je danserais sous l’orage. Je quitterais la route et je ne rentrerai pas. Je trouverais un hôtel à l’autre bout du monde et je changerais de prénom un peu tous les jours. »
Je suis heureuse que tu existes.
On devrait répéter cette phrase à chaque être important,pour une heure ou une vie.
Je suis heureuse que tu existes, c’est à ce livre que j’ai envie de le dire. Pour l’histoire qu’il contient, pour la beauté de son écriture et aussi pour ce qu’il est. Un roman de l’intime, sans ressorts narratifs à chaque page, sans l’uniformisation des textes qui couve si on veut toujours plus de romanesque, de page turner et de romans de société.
Doit on laisser aux films et aux chansons le monopole de parler des émotions brutes, de la nudité des sentiments quand ils ne sont plus dévoyés, contournés, écrasés ?

Avant le jour est un texte court, à la beauté sidérante. On suit quelques heures d’une vie d’une femme, pas de grand drame ou si juste un, celui d’un amour empêché, mais d’un amour vivant.
On se fiche bien de savoir si cette histoire est véridique. Il n’est question ici que de vérité, celle qui oblige à ne pas masquer les émotions et les sentiments. La vérité de l’écriture, d’une femme en train d’écrire, d’une femme en train d’aimer, d’une femme en train d’attendre, d’une femme qui tente de trouver la solution à l’absence pour tenir debout, et joliment debout.
J’aime tout dans ce livre, à chaque page, je me suis arrêtée pour que cela infuse et se dépose en moi. Tant qu’il existera des livres de cette teneur, alors je croirai au pouvoir de la littérature, dans son pouvoir immense de consolation.
J’ai déjà lu trois fois ce texte, je sais que je le lirai à nouveau. Il va rejoindre un temps l’étagère qui dit tout de moi, il va venir se loger juste à côté du roman d’Anna Zerbib, Les après-midi d’hiver, je crois que ces deux là ont des choses à se dire, et encore tant à me dire.
Je suis heureuse que tu existes, Madeline Roth.
Je suis heureuse que tu écrives, Madeline Roth.
« Je veux aller lentement. Je veux être l’aube et le crépuscule, le doute et la certitude, je veux pouvoir être perdue et sourire. Et imaginer qu’il me voit, ici, perdue et souriante. »
il faut vraiment que je me décide à découvrir sa plume!