» Si on l’entend, c’est qu’elle existe. Alma est-elle la seule à se défier de l’évidence? Certains, parmi les hommes, ont-ils comme elle un sentiment de solitude si grand, et ce depuis toujours qu’ils doutent même de leur matérialité. »
Il me fallait savoir par où commencer avant de poser les mots sur cette feuille, savoir quoi dire en premier.
Parler de littérature, c’est parler de soi. Parce qu’il n’y a que la littérature – peut être les arts en réalité- qui comble les vides et les absences à soi-même tout en vous tenant au bord d’un précipice, celui de vos failles.
J’utilise le vous alors qu’il ne faudrait qu’utiliser le Je.
Il n’y a jamais eu dans mes chroniques de volonté littéraire, parler d’un style, m’aligner sur une chronique classique où l’on dissèque les mots et leur portée, où l’on place le roman dans un courant, cela ne m’intéresse que si ça parle aux tripes. Je peux reconnaître une belle écriture, un travail d’écriture singulier mais ceux qui restent sont ceux qui s’adressent à l’animal derrière l’enfant docile, au corps avant la tête. Je ne sais pas bien à qui s’adressent mes chroniques si ce n’est à moi-même, pour laisser une trace de ce qui compose ma vie.
Quand j’ai saisi ce roman, la quatrième de couverture m’intriguait, son titre aussi. Une amie bienveillante m’avait dit que ce livre était pour moi. Au bout de deux pages, je l’ai refermée, regardant au-dessus de mon épaule si Constance Joly s’y trouvait. Se lire pour se comprendre est une chose. Découvrir et comprendre des pans cachés par la lecture est une autre expérience, singulière et rare.
J’ai continué, reprenant littéralement mon souffle parfois. Je ne savais pas que je sombrais, m’enfermais dans une spirale de mère épuisée et de femme oubliée avant de lire Le matin est un tigre.
En le lisant, je me suis sentie grandir, ma colonne vertébrale s’est redressée. J’ai levé la tête et j’ai vu ce que j’étais en train de laisser en chemin, j’ai eu envie pour la première fois de faire naître la femme – un mot qui toujours me semble étranger à moi-même- qui se cachait derrière la fille, l’épouse, la mère et surtout derrière la petite fille trouillarde et sage.
Ce sont des fragments et des essences, des rencontres et des regards qui fondent une vie. Le matin est un tigre sera l’un de mes fragments, l’un de ces livres, ils se comptent sur les doigts d’une main, qui changent la ligne d’une vie, et lui donnent une assise. Il rejoindra ces trois romans qui ont précédé une décision dans ma vie.
Je ne vous raconterai pas l’écriture si sublime où pas une phrase n’est en dessous même pour décrire le quotidien et l’ordinaire, je ne vous détaillerai par l’histoire de cette mère qui oublie l’essence d’une vie, la sienne et celle de sa fille, je ne vous décrirai par la mer et les rencontres, le chardon et le sauvage.
Je ne dirai rien, vous le comprendrez.
C’est un roman qui autorise à devenir, qui accroche le cœur pour lui donner la force de battre plus fort.
Je dirais juste, je crois en pesant mes mots, que ce roman m’a sauvée du trou dans lequel je glissais.
Et peut-être que dire cela veut tout dire.
« Il suffit d’accepter. D’accepter tout d’elle-même. Sa fragilité comme sa force, sa laideur comme sa beauté. Il lui suffit de cesser de craindre en sa puissance. De consentir enfin à être elle-même. »
J’aurais bien aimé le lire, mais rien n’est encore perdu (si ce n’est l’exemplaire qui m’était destiné ;)). Heureuse de rajouter ce titre à mon bilan des coups de coeur quand je vois l’effet qu’il t’a fait. Encore plus hâte de le lire à mon tour ! 😉
C’est tentant. Le titre est magnifique.
Marie. Blog Bonheur du Jour (sur les blogs wordpress je ne peux que signer ainsi, en passant par google+)
J’aime beaucoup ton blog. Un plaisir de venir flâner sur tes pages. Une belle découverte et un enchantement. Très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésite pas à visiter mon univers. A bientôt.
❤