« Sommes-nous tous ainsi, habités par des monstres ?
Sommes-nous encore des hommes et des femmes ?
Sommes-nous pires que cela ou simplement cela ? «
Comment poser des mots sur le sublime ? Comment ne pas être fade face à la puissance de ce texte ? Le titre déjà évoque tant de choses et résonne chaque jour en moi.
La colère et le désir (n’est-ce pas là les deux facettes d’une même émotion et du même sentiment ?) sont sublimés par une langue magnifique et puissante, qui ne peut laisser le lecteur sur le quai.
Ce roman emporte et submerge. Même à la deuxième lecture, il se révèle encore. On voudrait le scander ou le murmurer. On aimerait qu’on nous le raconte, comme ces contes qui empêchent de dormir tant ils sont forts.
Le monstre, servi par une langue éblouissante qui le rend encore plus violent et plus présent, bouscule sauvagement, il percute et éveille les consciences.
Ismaelle, Ezechiel. On y croisera Moby Dick et ce qu’il dit des hommes et de la fureur, du monstre qui nous dépasse et que pourtant nous nourrissons.
Je ne trouve pas la distance suffisante pour porter ce texte, j’espère juste qu’il saura rencontrer ses lecteurs. Il est exigeant et sort des chemins tracés, il est inoubliable par ce qu’il provoque. Vincent Villeminot se saisit du monde et nous le livre avec une langue nouvelle et originale, qui embrasse les mots comme les êtres pour les porter plus haut.
Ce roman est une merveille.
La force du langage peut tout, tout dire et tout montrer. Sommes-nous prêts à l’entendre ?
« J’eusse aimé n’être qu’à toi,
Ne jamais rien connaître, avant toi, après toi
J’eusse voulu que tu sois le premier car le seul.
J’eusse.
Insuffisant bien sûr, comme les autres.
Si court.
Car tu ne suffis pas toi non plus.
Mais tu combles.
Et après toi, je ne crois plus au désir insatiable. »
Je le vois fleurir un peu partout et ce que tu en dis me tente grandement également !