Ce qui nous sépare est un roman que l’on n’oublie pas, on entend longtemps sa musique singulière, on a l’impression de les avoir croisés ces destins, d’avoir été au milieu de ce compartiment et de sentir vivre l’autre, de voir en mots la solitude au milieu du nombre. Un premier roman d’une maitrise parfaite, qui donne à voir notre propre reflet.
Anne Collongues a accepté de répondre à mes questions et de participer à la table ronde organisée par les 68 premières fois le 9 octobre prochain, dans le cadre de la 25ème heure du livre au Mans.
1.Ecrire, à quoi ça sert ?
A comprendre (et à pardonner), à voir autrement…
J’ai entendu l’été dernier à la radio, Annie Ernaux citer une écrivaine japonaise qui disait « écrire c’est regarder les choses jusqu’au bout ». Je ne pourrais pas dire mieux, je crois.
2.Le meilleur compagnon de l’auteur ?
La ténacité, les livres, la vie !
3.Son pire ennemi ?
Lui-même.
4.Une manie d’écriture ?
Dans la pratique ? Je ne crois pas avoir encore assez de bouteille pour en avoir une !
Dans le style ? Si j’identifie un automatisme, alors j’essaie de le désamorcer.
5.De quoi l’écriture doit-elle sauver ? (Référence à un extrait d’Ecrire de Marguerite Duras« Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. » )
De l’absence de réponse, peut-être.
Que par la recherche perpétuelle, elle comble, console, accepte…
6.Comment construit-on un roman ? Son point de départ : Un plan, un message à faire passer, une obsession ?
Un visage, une émotion, une question, le désir comme le dit si bien B.M Koltès « de raconter bien, un jour, avec les mots les plus simples, la chose la plus importante que je connaisse et qui soit racontable, un désir, une émotion, un lieu, de la lumière et des bruits, n’importe quoi qui soit un bout de notre monde et qui appartienne à tous. »
7.Combien de textes proposés avant ce premier roman publié ?
Aucun, c’est le premier roman écrit aussi.
8.Quelle sensation éprouve t on lorsqu’on a son premier roman, publié entre les mains ?
Etrangeté et joie. Le nom sur la couverture est-il vraiment le sien ?
9.Définissez-vous par :
– une œuvre d’art : Toute l’œuvre de Van Gogh (j’ai grandi à côté d’Auvers sur Oise où il vécut ses derniers jours et sa chambre, ses ciels étoilés, ses portraits à l’oreille coupé, ses joueurs de cartes…ont été les seules œuvres – en reproduction – qu’il m’a été donné de voir jusqu’à mes dix ans, et quelles œuvres !. Souvenir très fort de la visite-pèlerinage en classe de CP de l’église qu’il a peinte, de l’auberge Ravoux, de sa tombe…et puis à dix-huit ans de ses tableaux vus pour la première fois « en vrai » au musée à Amsterdam, en parallèle de la lecture des lettres à son frère…)
– une première fois : celles à venir
10.Citez trois ouvrages fondateurs
Vies minuscules de Pierre Michon
La Nuit juste avant les forêts de B.M. Koltes
Le Parti Pris des Choses de Francis Ponge
11.Le dernier roman qui vous a étonné
La jeune épouse d’Alessandro Baricco
Water Music de TC Boyle (et c’est un premier roman !)
livre émouvant,à lire absolument!
ces entretiens sont toujours passionnants! et bel éclairage sur chaque livre!