Franck, Marie, Alain, Cigarette, Cherif, Laure, Liad
Le même mouvement, celui d’une rame de RER.
Les romans choral sont des romans difficiles à manier, il faut avoir un talent fou pour parvenir à créer des psychologies en peu de mots, à incarner chaque personnage sans qu’il laisse la trace du précédent, à faire entendre des voix distinctes. Anne Collongues parvient en peu de mots à dresser sept portraits, que l’on identifie de suite pas d’hésitation sur le vécu de chacun. A la manière d’un photographe ou d’un peintre, elle saisit le détail, celui qui nous fera se rappeler d’une personne, l’incarner même.
Dans un lieu clos, celui qui nous voit tous suivre la même trajectoire, qui parfois permet à l’esprit de s’évader ou au contraire revenir à soi. Anne Collongues saisit chacun dans ces moments de vie qui ont pu basculer, ces petits renoncements ou ces drames, chacun seul pour s’y confronter et pourtant tous gagneraient à sortir de leur solitude pour voir que l’autre est semblable, que le voisin de voyage est bien plus qu’un corps encombrant ou étranger.
Ce qui nous sépare, comme un tableau de ces vies que l’on croise, que l’on aperçoit, des rencontres avortées, et de cette solitude tenace. Comme une fenêtre vers ces vies que l’on invente aux visages à peine aperçus, ces êtres en construction que nous sommes, ces petits riens qui nous sépare et qui pourtant se ressemblent tant.
Un roman mélancolique et rythmé, démarrant doucement avant de s’animer à mesure que le train accélère.
Un premier roman virtuose.
« On peut essayer d’interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible aussi intime que l’autre. Ne faire qu’un est impossible »
Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, vous pouvez retrouver l’avis de Nicole de Mots pour mots.
Je n’avais pas entendu parler de ce livre mais il me tente bien !