Il est des histoires d’amitié comme des histoires d’amour, des belles et longues, des puissantes et courtes, des déchirantes et des apaisées.
Les histoires d’amitié sont des histoires d’amour, pas moins fortes, pas moins nécessaires. Elles sont aussi bouleversantes et importantes, elles laissent des traces, des cicatrices parfois que l’on ne comprend pas. Elles éclaircissent le sombre et donnent ce goût supplémentaire à la vie.
L’amitié est souvent traitée en seconde plan, ou de manière légère. Mais quand l’amitié est prise pour ce qu’elle est, elle offre des livres magnifiques, comme Les séparées de Kéthévane Davriechwy, Les garçons perdus d’Arnaud Cathrine ou encore Les insoumises de Célia Levi. ces romans si sublimes soient ils offrent le versant sombre de l’amitié déchirée.
Le roman d’Elsa Flageul remet l’amitié à sa juste place, l’essentielle. La lumineuse.
A travers Lucile et Clara, elle nous fait traverser une adolescence dans les années 80-90, les premières amours, les premiers accros avec la vie, l’exploration des sentiments, la confrontation avec le réel, la découverte d’un monde. On traverse avec elles, on revit parfois, on s’émeut et on suspend le souffle, on sourit et on se reconnaît inlassablement. On note des passages tant ils renvoient à une sorte de nostalgie, parfois apaisante, parfois douloureuse quand le présent n’es plus.
Parce que Lucile et Clara, c’est vous, c’est moi, c’est cette autre dont vous devriez prendre soin, ce sont celles avec qui vous avez grandi. Il est question de cela aussi dans les mijaurées, grandir avec la violence que cela comporte, grandir à deux, comme un cocon, comme une certitude que tout a existé, comme un fil qui tient les souvenirs et l’avenir. L’histoire, évidemment, et l’écriture d’Elsa Flageul, délicate et lumineuse, qui sait toujours trouver la phrase qui atteindra le but, le cœur d’une lecteur, insidieusement, qui pose les questions sans détours, celles qui demeurent dans la tête de chacun, le personnel fait universel, comme dans la superbe valse de son roman précédent Les araignées du soir. Certains voudront y voir un roman léger et féminin, ils se tromperont tant ce roman porte le lecteur après sa lecture, tant il donne envie d’appeler ses amies, et d’écrire à celles que l’on a perdues. Et ces livres qui influencent des décisions de vies, ils sont rares. Rares donc indispensables.
Extraits (ils pourraient être des dizaines)
» Et puis entre nous, il y a les mots, tout le temps les mots, parler, parler, ne jamais être rassasiée de l’autre. A peine sommes-nous rentrées chacune chez soi que nous nous appelons au téléphone, pour parler sans cesse, parler toujours. Non pour dire mais pour parler, pour continuer à exister, pour occuper ce temps de vacance l’une sans l’autre, pour étancher la soif que nous avons de nous voir par la parole, la futilité et, immanquablement, le rire. »
« Il y a tant d’errances dans une vie, tant de chemins rebroussés, tant de routes abandonnées et d’autres prises presque par hasard, par accident dirait-on mais justement les accidents mes amis, les échappées, les embardées qui font virer de bord et prendre des chemins de traverse qui se révèlent être des routes, il y a tant de moments d’égarement dans une vie qui ne sont pas des faiblesses non mais des respirations, des ponctuations. »
Je ne connais pas cette auteure, mais ta chronique donne très envie !
Diablement tentant !
Juste pour avoir le plaisir de peut-être m’y reconnaitre, je testerais bien cette lecture.
Les séparées était une très belle histoire d’amitié. Je note celui-ci, surtout que je n’ai jamais lu cette auteure.
Il m’attend donc je préfère ne pas lire ton billet maintenant.
Ta chronique m’a donné envie d’écrire à mon amie denfance , et je pense me procurer ce livre.
je ne lis pas ton billet avant d’écrire le mien mais je peux te dire que je l’ai dévoré d’une traite et adoré !!!
J’ai prévu de le lire très bientôt. Les tentations ici et ailleurs étaient trop fortes… 😉