Si je vous dis qu’un livre traitant d’une des plus fortes migraines qu’il soit pendant plus de 200 pages peut être lumineux, parfois drôle et léger, surtout touchant, mais jamais plombant, vous me croirez folle.
Lisez Anomalie des zones profondes du cerveau de Laure Limongi et on sera deux. A être fou.
Il est difficile de faire rentrer ce livre dans des cases, et c’est ce qui le rend singulier, essai, journal intime, roman, tout cela à la fois. Il ressemble à ces carnets que l’on traine dans nos sacs et que l’on remplit de nos obsessions.
La douleur est universelle et pourtant il n’y a rien de plus personnelle, tant chacun l’éprouve à sa manière, sans possibilité de la décrire avec à chaque fois renouvelé ce sentiment d’injustice. Laure Limongi parvient à la rendre plus palpable, à en extraire la substantielle moelle comme pour apaiser le lecteur, lui prendre la main pour partager l’intime.
Tel un grand bazar, orchestré cependant, le rythme de l’écriture provoque les ressentis de la douleur, de ces phrases courtes et sans souffle pour illustrer la crise à des citations longues et apaisées pour calmer, on respire, on bloque sa respiration et on inspire au rythme de ce que nous offre Laure Limongi.
C’est un livre étonnant et ambitieux, qui offre des passages authentiques et plutôt rares en littérature sur le nœud de la douleur physique.
« On préférerait que la douleur reste touriste. […] Une guerre éclair. L’observer prendre ses aises, s’installer pour de bon, se mettre à chanter sous la douche, s’étaler, bouleverse tout. Il faut revoir le scénario de sa propre vie. »
Livre lu dans le cadre de l’opération des Explorateurs de la rentrée littéraire pour Lecteurs.com
En voici un que je n’avais pas du tout retenu…le sujet n’est guère engageant. Mais ta chronique le remet en valeur.