Des dizaines de romans, de livres ou de films sur le sujet, déjà écumés. L’impression d’entendre inexorablement la même musique pour ne pas oublier. Evidemment ne pas oublier. Saisir Appartenir et se dire un de plus. Erreur.
Ce livre est d’une force insoupçonnée. Il pénètre dans le sang pour en laisser des traces et dans l’âme pour que l’empreinte soit plus tenace.
Séverine Werba livre sa quête des origines, il est question de cela surtout, de l’incidence de nos racines, de ce que chacun porte dès sa naissance, ce que la famille et nos origines font de nous.
Dans un style en adéquation parfaite avec ses errances, tantôt tranchant, tantôt plus doux, mais toujours incisif et sensible, Séverine Werba creuse le basculement de sa vie quand sans savoir par quel mécanisme elle se retrouve à chambouler sa vie pour partir à la recherche de son grand père vingt ans après sa mort.
A travers ses yeux, j’ai découvert les fiches tenues par les nazis, les horreurs des camps, comme si c’était nouveau, comme si les portes venaient juste de s’ouvrir, le tout baigné dans une émotion dense et tenace.
Ce lien entre le présent et le passé, ce besoin de savoir pour continuer à vivre rend le roman résolument moderne et donne un autre souffle à ces horreurs, qui restent en nous, ne touchant pas que ceux qui ont vu.
Un premier roman d’une maitrise parfaite et qui laisse le lecteur face à ses propres lignes de vie, totalement chamboulé.
Quelques semaines après sa lecture, il continue à distiller son essence, tant ce livre me paraît essentiel.
Extraits:
« Ma vie professionnelle ne m’intéresse plus depuis longtemps. Si je remonte plus loin, la tangente est prise dès mes études. le choix de la facilité et la peur d’échouer. Je commence déjà à m’éloigner de moi-même. Capable et incapable. Flottante dans le présent. Indisponible, absente. «
« Je témoigne d’un non-témoignage, je témoigne d’un silence, d’un trou laissé par la souffrance. je témoigne d’une amputation. Je n’ai rien vu de mes yeux, je n’ai pas connu ceux qui sont morts et pourtant ils m’importent. Et pourtant je les cherche. »
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Ce livre a été lu dans le cadre du projet 68 premières fois, vous pouvez retrouver les chroniques de mes comparses: Bénédicte, Nicole, Lyvann ou Eimelle
Je t’écoute en parler, c’est beau, j’ai l’impression d’être encore dans ce livre ! ❤