Sophie Lemp vient de voir publier son premier roman chez De Fallois, Le fil.
1.Ecrire, à quoi ça sert ?
Ecrire est une nécessité, une évidence. Ecrire ajuste, apaise, tempère, recentre, équilibre. Ecrire (me) permet de vivre mieux.
2.Le meilleur compagnon de l’auteur ?
Le silence et un bol de thé.
3.Son pire ennemi ?
Internet !
4.Une manie d’écriture ?
Relire à voix haute ce que j’ai écrit la veille et épurer, épurer, épurer…
5.Que pensez-vous de cette phrase de James Salter : « Si vous écrivez, vous devez être prêt à vous détester vous-même, à être dégouté de vous-même à la fin d’une journée que vous avez passé à écrire. Tant de temps pour un tel résultat! Tout ça pour ça!. » (Extrait d’une interview parue dans Lire, n°429, octobre 2014)
Plus que de détestation ou de dégoût, je parlerais de découragement, de doutes, d’angoisse. L’impression que l’on n’arrivera jamais à écrire le livre que l’on a dans la tête. Et puis, un beau jour, le déclic se produit, presque miraculeux…
6.De quoi l’écriture doit-elle sauver ? (Référence à un extrait d’Ecrire de Marguerite Duras« Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. »)
De l’oubli – pas l’oubli de soi en tant que personne mais l’oubli de ce que l’on a vécu, de ce/ceux que l’on a aimés. Comme l’écrit Annie Ernaux dans Les Années, « Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais. »
7.Définissez-vous par :
– une œuvre d’art
Une chanson de Barbara
– un mot
Chemin
8.Quel est votre rapport à la lecture ? Lit-on pour écrire ?
Je lis beaucoup, impossible de m’endormir sans m’être auparavant plongée dans une histoire, un univers. Je lis aussi pour écrire bien sûr, lire me nourrit. En écrivant Le fil, j’ai eu par exemple envie de lire ou relire des ouvrages consacrés au deuil comme Une année avec mon père de Geneviève Brisac.
9.Citez trois ouvrages fondateurs
Paroles, de Jacques Prévert, dévoré à la fin de l’enfance, textes dits à voix haute et enregistrés sur mon petit magnétophone.
Le bord intime des rivières, de Richard Bohringer, lu et relu à l’âge de 14 ans.
Tous les livres d’Annie Ernaux, auteure découverte à 17 ans avec l’impression qu’elle me donnait l’autorisation d’écrire.
10.Le dernier roman qui vous a étonné
Ce n’est pas un roman, ce sont les Carnets intimes de Taos Amrouche.
11.Quelle est votre quête ultime (ou absolue) en tant qu’auteur ?
La justesse.
Merci Sophie pour ces réponses, pour ton sourire et pour tes mots.
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