Deux femmes aux destins tragiques, l’une veuve, l’autre devenue muette suite à un traumatisme. Deux femmes au service de l’autre dans la domesticité d’après guerre en Angleterre, dans cette ambiance si singulière de cette époque, de cet endroit, où la domesticité est un monde à part entière, de cette ambiance presque à la Jane Austen.
Fennella et Jeannette, ou l’art de se révéler à soi par l’autre.
Jeannette et Fennella ou l’indispensable redéfinition de ce que l’on est, de la nécessité à construire un nouveau moi quand l’Histoire s’écrit sans nous mais contre nous.
Récit d’une émancipation des cases pré-dessinées, de l’extirpation d’une classe sociale, d’une caste pour devenir celle que l’on est. Du combat contre le déterminisme, de la folie de vouloir être soi.
On devine les influences musicales et littéraires de Fanny Chiarello. On retrouve les amours de son précédent roman, une faiblesse de Carlotta Delmont. Loin de ces écritures que l’on qualifie de modernes (parce que déstructurées ou offrant des phrases courtes ?), on savoure un phrasé riche et harmonieux, un alignement parfait du fond et de la forme, une langue à la teinture classique, de ces classiques qui deviennent références, de ces écritures intemporelles.
Des fulgurances superbes sur la folie des hommes, sur les dérives des sociétés humaines, sur la difficulté à trouver sa place.
Un roman dense et habilement construit, un roman que seul un grand auteur pouvait livrer, assurément.
Extraits
» Parfois: Il ne vous était rien, il ne vous était pas une miette, alors pourquoi lui? Comment votre oeil a-t-il pu le détecter dans la foule, l’enlever à notre vie sans remous ni relief pour le jeter dans les rouages de vos jeux de grands enfants malades? »
« Ce qu’elle a fait toute sa vie, c’est de traiter la moindre entreprise qui lui est confiée ou qu’elle s’est choisir comme la plus noble du monde, ce qui la fait passer pour perfectionniste alors qu’elle craint seulement l’ennui des demi-teintes. »
« Y a t-il une place pour moi quelque part? Cette place m’était-elle dévolue avant même que je sois née, ou n’existe-t-il rien de tel que la prédestination? y a-t-il quelque chose à chercher ou est-on seulement censé se recroqueviller dans la première case qui s’offre à nous en chemin, et si tel est le cas, pourquoi ai-je toujours instinctivement remué dans ma case plutôt que de me résigner à y rester ankylosée comme les autres, pourquoi n’ai-je jamais cessé d’essayer d’autres cases, cela fait-il de moi une âme sacrilège, une insoumise? »
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Il me tente assez !
Mais le problème est que tous les livres, présentés par vous, me tentent !!!
Je vais finir écrasée par ma PAL 🙂
une auteure à suivre en effet!