Après notamment le saisissant roman La muette, Chahdortt Djavann nous invite, une nouvelle fois, à plonger dans les méandres psychologiques de l’être humain, dans ce qu’elles ont de plus tortueux.
Big Daddy, c’est un polar, un roman de société, un traité sur la manipulation, le carnet caché d’une thérapeute, c’est tout cela et bien plus. C’est avant tout un excellent roman.
On plonge dans l’Amérique profonde, là où Rody a fait un temps les titres des journaux pour avoir perpétré un triple meurtre, mais qui se soucie encore du sort d’un gamin paumé ? Justement, une personne incarnée par une ancienne avocate qui se prend de passion pour le jeune homme et lui rend visite chaque dimanche. Ils finiront par passer un pacte : se raconter mutuellement leurs histoires. C’est ainsi qu’aux travers du regard de Rody, on rencontre Big Daddy, patron d’une entreprise criminelle, pervers narcissique, qui décide de faire de Rody son fils spirituel et l’entraîne dans l’enfer, de ces grandes figures de criminelles que l’on imagine incarnée par un grand acteur américain, à la matière de De Niro ou Al Pacino.
Le récit alterne entre les aventures de Rody, à la limite de l’insoutenable parfois qui doucement commence une descente vers le non retour, vers l’inhumanité et celles de son avocate, femme seule un peu paumée qui se pose des questions sur le sens de sa vie. A ces voix s’ajoute celle de Markus un ancien flic devenu photographe.
Ce trio inédit nous embarque dans les ruelles sombres, dans des scènes d’un réalisme glaçant, le film se déroule sous vos yeux effarés, sans que vous puissiez appuyer sur pause.
Chahdortt Djavann ne se contente pas d’inventer des personnages, elle en dresse le profil psychologique, entrainant le lecteur dans l’intime, dans ce qui nous constitue intrinsèquement, individuellement, dans la singularité de chacun. Ici, elle s’attache à ce qui fait mal, à cette part d’ombre que l’on voudrait dissimuler, elle analyse les intentions secrètes de nos actions, nous questionne sur le pouvoir de manipulation, sur les ficelles que l’on tire pour faire de l’autre un pantin.
Un page turner, addictif et violent, sombre et passionnant, diaboliquement intelligent et maitrisé.
je l’ai abandonné car ja n’ai pas accroché .. j’ai trouvé les personnages (trop) proches de clichés.
Je n’ai encore jamais lu cette auteure. Et le sujet et ce que tu en dis m’intéressent.
Tu n’as jamais lu Chahdortt Djavann! Vite, il faut réparer cette erreur! Je te conseille de débuter par La muette, un récit court mais d’une intensité rare. Ensuite, tu auras envie de lire tous les autres!