Il y a quelques mois, j’ai eu le bonheur de participer à un nouveau projet, hélas qui n’a pas résisté au temps. J’avais alors demandé à deux de mes chouchous de participer à une rubrique qui s’appellait Emulsion. L’idée: raconter ce que chacun apporte à l’autre. Mettre l’humain et la rencontre au centre de tout. Ils avaient accepté et puis le projet n’a pas vu le jour. J’aurais aimé les faire découvrir à d’autres, en parler ailleurs qu’ici… et puis…
Les voilà donc, de nouveau sur le blog, mais différemment. Vous les connaissez séparément. Ils sont encore plus savoureux ensemble. (Interview en deux parties pour savourer leur conception du couple et de la vie. Photos inédites réalisées par Nora Aguerguan.)
Vous les reconnaissez?
Elle :sourire ravageur, regard pétillant, énergie débordante.
Lui : chevelure folle, regard à l’affût, sourire chaleureux et humour généreux.
Point commun : les mots, écrits, lus, murmurés, chantés, partagés, vécus.
Leur couple : un duo décapant, créatif et incroyablement attachant.
Sandra Reinflet et Erwan Larher. Cinq minutes avec eux et vous voilà dans un univers où l’humain, la création et la liberté sont les valeurs essentielles. Un couple exigeant, dévoreur de vies avec une seule volonté : vivre sa vie pleinement, ne rien regretter et surtout créer !
Erwan est un « orfèvre de l’écriture », auteur de l’inimitable Autogenèse, un roman ambitieux et inclassable qui nous embarque au côté d’un Candide des temps post- modernes (Suite à venir) et du vibrant L’abandon du mâle en milieu hostile.
Sandra est multiple : musicienne (Marine Goodmorning), voyageuse, auteur, photographe. Son dernier ouvrage : un livre tendre, émouvant et universel où elle retrace, avec justesse et sensibilité, les amours qui ont marqué sa vie : Je t’aime maintenant.
1. Dans vos dédicaces respectives, on sent le rôle essentiel joué par chacun dans le travail de l’autre : pour Sandra, Erwan est « son ancre » et pour Erwan, « la seule présence de Sandra dédore tout superlatif », hormis un soutien inconditionnel, quelle est la place de l’autre dans votre travail ? Premier lecteur ? Muse ? Conseil ?
Erwan: Ecrire est un processus très intime, très personnel, très solitaire. La place de l’aimé(e) ne peut être qu’excentrée, et redevient centrale en dehors des phases d’écriture. Comme Sandra écrit aussi, elle comprend mon besoin d’isolement – dans ces moments, je deviens son « ours du Berry ».
N’étant pas romantique, nul besoin de muse. Par contre, je suis attentif au regard et aux avis de Sandra, qui m’importent beaucoup, il va de soi (comment être amoureux de quelqu’un dont on mépriserait les opinions ?). D’autre part, sa personnalité passionnée, son rapport pétillant aux gens, aux choses, au monde me questionnent, m’enrichissent, me perturbent parfois ; indirectement, cela nourrit mon travail, mes personnages, mes points de vue.
Sandra: Erwan lit tout ce que j’écris. Il est mon premier critique, et comme je le sais sans concession, j’accorde beaucoup d’importance à son jugement. Je suis impatiente, et absolument pas perfectionniste, alors à la différence de lui, je montre facilement mes travaux. La seule chose que je garde secrète est le petit carnet que je porte toujours dans mon sac. C’est ma soupape de décompression. Entre ses pages, je couche des idées sans queue ni tête, dessine, sans chercher à bien faire. Si je savais que quelqu’un pouvait un jour le feuilleter, je ne m’autoriserais plus la même liberté, le même droit à l’erreur.
Erwan: Ah oui, il y a des choses très bien dans ton carnet, c’est vrai.
2.Deux personnalités fortes, deux projets de vie, et le quotidien, ça donne quoi ?
Erwan: Nous n’habitons pas ensemble. Sandra vit à Paris et je suis en résidence d’écriture dans le Berry. Nous ne nous voyons donc que pour le meilleur, épargnés par les chaussettes sales et la vaisselle à faire (heureusement, parce que Sandra et la vaisselle…). Grâce à Sandra cependant, qui est de la génération 2.0 (moi, j’en suis resté au Minitel), nous nous parlons tous les jours au téléphone. Je ne manque ainsi aucun épisode de son quotidien trépidant.
Sandra: C’est vrai, je suis une catastrophe ménagère ambulante, alors qu’Erwan est méticuleux, organisé. Je ne suis pas sûre que notre couple survivrait plus de deux mois dans un 40m2 parisien (d’autant plus que l’un et l’autre travaillons à la maison). Mais si nous ne subissons pas le quotidien, nous apprécions de le partager, une ou deux semaines par mois. Erwan est très doué pour les petites attentions au jour le jour, tandis que je suis en quête d’inédit et d’extra-ordinaire. J’admire sa constance, sa sérénité, son humour. Ils m’apaisent, équilibrent mes maladresses et mon tempérament enflammé.
3.Votre lieu de rencontre ne pouvait être qu’un lieu culturel, il fut le salon du livre du Mans, la 25ème heure, une évidence ?
Erwan:Ah non, pas du tout une évidence au moment au nous nous sommes rencontrés puisque je sortais d’une rupture, j’habitais encore avec mon ex et je n’ai pas été très aimable avec Sandra, lui affirmant que je n’étais pas prêt à commencer une histoire. Comme quoi, elle est de bonne composition et n’est pas une rancunière…
Sandra: Pour moi, cette 25ème heure était un signe oui. Elle faisait tellement écho à mon travail en cours sur les 24 heures ayant composé mon histoire d’amour… Ce ne pouvait être une coïncidence. C’est Erwan qui est venu vers moi, puis lui qui s’est éloigné. Entre temps il m’avait mimé Véronique et Davina au réveil. J’étais mordue…
Erwan:Je croyais que c’était mon interprétation de Mireille Matthieu qui avait fait la différence ! Comme quoi… Plaisanterie mise à part, il y avait oui une évidence telle dans cette rencontre que je ne me suis même pas soucié (fatuité ?) des don Juan littéraires qui ont tourné autour de Sandra toute la journée : j’étais certain que.
4.S’il fallait choisir un lieu pour symboliser votre couple ?
Erwan: Chinon. C’est là que nous nous sommes retrouvés, deux mois après notre rencontre, pour un déjeuner. Qui s’est prolongé jusqu’au lendemain soir…
Sandra: Moi je dirais Le Mans tout de même, parce que je suis une adepte (pour ne pas dire addict) des premières fois.
5.La devise de votre couple ?
Erwan: Tout pour l’aventure !
Sandra: Non ça c’est la mienne (quoiqu’il progresse). Pour nous deux, je dirais plutôt «Liberté». Erwan a l’intelligence – ou le fatalisme – de laisser la cage ouverte. Si je rencontre quelqu’un qui me plait, il m’encourage à le voir, expliquant «Soit c’est quelqu’un qui te conviendra mieux, auquel cas je veux que tu sois heureuse et le serai pour toi, soit non, mais je veux que tu le connaisses, pas que tu l’idéalises ».
Même si je ne suis pas jalouse, je n’ai pas encore atteint son stade de sagesse… Mais je l’admire tant que j’y travaille.
6.Deux adjectifs pour définir l’autre
Erwan: Sandra ne peut se résumer en deux adjectifs mais comme je suis un garçon obéissant, je dirais solaire et intrépide. Et joueuse. Et créative en diable.
Sandra: Persévérant, généreux, drôle, droit, déterminé, fidèle (je suis nulle en maths).
7.Un mot pour représenter l’œuvre et le parcours de l’autre
Sandra:Vertical.
Erwan: Brillamment éclectique.
Quel bonheur cette interview!! Leur couple fait rêver… et envie aussi!
Et oui! Contente de te voir ici Adèle! 😉
magnifique, merci à vous trois pour ce joli moment. Hâte de lire la suite. Je les ai rencontrés ensemble au salon du livre à Paris et c’est exactement ce que l’on saisit en quelques minutes de leur joli couple.
Ah mais ne pas oublier le premier roman d’erwan larher, non mais (vite, vite!)
J’espère rencontrer les deux en salon du livre (si EL a terminé son match), car là c’est sûr, il y a de l’animation…
voilà un couple qui partage presque un même univers, mais différents en divers points. C’est presque le couple parfait que l’on a du mal à croiser certainement sur chatroulette. Erwan semble être un homme bien charmant pour faire attention au quotidien à sa tendre aimée, elle a beaucoup de chance.
Oui, elle a beaucoup de chance, merci de le lui rappeler régulièrement ! Vivi, on dirait que vous, vous savez apprécier ce qui est bon.
Un vrai bol d’air pétillant et rafraîchissant cet interview 🙂 !