Il faut se méfier des livres…
Vous lisez tranquillement Paris-ci la culture, le mag et là vous tombez sur une interview bluffante d’un auteur qui sait venir vous chercher. Vous notez donc dans un petit coin de votre tête le nom de l’ouvrage.
Lors de l’un de vos périples en librairie (quotidien ? presque par moment !), vous farfouillez et vous trouvez l’heureux élu.
La couverture déjà vous plait, vous regardez la quatrième de couverture un peu intriguée.
Vous repartez avec votre livre dans le sac, une belle promesse de lecture.
Vous rentrez chez vous, posez le livre sur votre bureau… Et là quelques jours fiilent, vous passez à côté mais vous sentez que ce n’est pas encore le moment…
Et puis, un jour, vous vous décidez à le sortir de la pile, vous vous installez confortablement et là, c’est le choc ! On aurait pu me prévenir!!!
Faites attention, ça peut être dangereux !
Vous ouvrez ce livre, vivez un moment hors du temps et vous le refermez avec un besoin irrésistible de liberté, une soif de vivre incroyable et surtout une envie furieuse de tout envoyer balader pour vivre enfin…VIVRE!
Mais de quoi parle t elle ?
Du phénomène AUTOGENESE d’Erwan Larher !
Que feriez-vous si, en vous réveillant un matin, vous aviez tout oublié ? Votre vie ? Les règles de la société dans laquelle vous vivez ? Les ressentis et les sentiments ?
Vous voudriez devenir qui?
C’est le postulat de départ de cet incroyable roman ! Vous vous retrouvez alors happé dans la vie d’Ikea (prénom que le héros se choisit. Dès le point de départ et avec ce choix de prénom, vous savez que vous n’entrez pas dans un roman ordinaire), qui se trouve propulsé dans un monde post moderne poussé à son paroxysme, où tout est excès, argent et contrôle des sentiments. Ce monde, c’est le nôtre…
Au milieu de ce chaos (qui pourtant vous fait sourire parfois), vous allez croiser la route de différents personnages, et surtout de marginaux qui ont refusé de suivre le mouvement et de s’abrutir au point de perdre leur humanité.
Un personnage sublime : Jessica. Chaque passage la concernant m’a tiré les larmes, tant je me suis identifiée à ce personnage.
Pendant le temps de lecture, j’avais l’impression de vivre dans ce monde. L’envie irrépressible de retrouver ce livre, de reprendre la main de Jessica, de sourire parfois, de pleurer souvent. Envie de sentir que quelque part, quelqu’un sait ce que l’on peut ressentir. Car finalement, qu’attend-on d’un livre sinon qu’il nous parle de nous ? Qu’il vienne nous chercher au plus profond pour au final que l’on ressorte de cette lecture un peu différent ?
J’ai refermé ce livre, un peu KO. Il m’a fallu un temps pour en sortir, pour revenir dans la vraie vie. J’ai pleuré en le refermant tant il m’avait touché.
Cette lecture intervenait après la lecture du roman de Sigolène Vinson dont je vous parlais ici… et je crois que rien n’est du au hasard, j’avais besoin de ces livres à ce moment là !
Lire ce livre m’a secouée plus que de raisons, mais il m’a aidé et va continuer à le faire, pour savoir que rien n’est irrémédiable, pour comprendre que ce ressenti au monde n’est pas juste propre à moi mais qu’il est partagé, qu’il est certes difficile de résister au système mais que cela est possible.
Un roman riche, d’une puissance rare, maniant cynisme et humour noir avec délectation (et pourtant ce n’est habituellement pas mon apanage). Un roman divinement sombre.
J’ai pensé à Karoo parfois en lisant ce livre, par la force des personnages et par cette prouesse que l’auteur arrive à faire : vous embarquer dans un autre monde duquel vous n’avez pas envie de sortir même s’il ressemble à l’enfer.
Et surtout, il y a un temps, je m’interrogeais sur la force de la littérature américaine, sur ces auteurs qui parviennent à retracer le monde, qui ne se regardent pas seulement le nombril et pour moi, Autogénèse fait partie de ces romans.
Ce livre est déroutant, dérangeant et ne rentre pas dans les codes établis et ça, c’est génial !
Si vous n’avez pas envie d’être bousculté, n’ouvrez pas ce roman. Sinon, bon voyage!
PS: une bonne nouvelle: une suite est prévue… Allez Erwan, on attend!
Une seconde bonne nouvelle: Erwan Larher viendra vous parler, avec son humour (un peu cynique) et son détachement, de son travail d’écriture mardi prochain!
Cela donne vraiment envie! Je note, je note!
Note, note, note!! C’est un ovni!
et bien quel billet ! évidemment je note ! veux bien être bousculée !
Tu devrais aimer Lucie… j’en mets presque ma main à couper!
Quel enthouisiasme!
Ah oui, sincèrement une claque pour moi… Dans mon top 5 de l’année!!
Je crois que je vais me le procurer, cela donne envie.
Tu me diras ton ressenti Christine! C’est un univers si particulier!
Comment résister devant un tel enthousiasme….je le note bien sûr pour une future lecture!
J’attends ton retour! C’est un roman étonnant, assez éloigné de mes coups de coeur habituels..
ça c’est sûr, ton billet me donne sacrément envie de découvrir ce livre!!
Ce livre est un phénomène, vraiment..
Au-delà de la fierté et de l’ego égrisé, piètres manifestations de la part de notre humanité qui n’est pas la plus noble, c’est la satisfaction d’avoir bien fait mon travail, d’avoir été utile, qui domine à lire votre bouleversant post. Parce que c’est exactement pour cela que j’écris : faire vibrer, donner à penser et au final, améliorer le monde. Merci d’y avoir été sensible.
Je ne vais pas vous remercier pour ce commentaire à nouveau, on ne s’en sortirait plus.
Mais cela me touche que vous ayiez pris la peine de le poster .
Et je peux vous assurer qu’avec ce livre, vous avez accompli votre mission, mission que je partage pleinement. La lecture doit bousculer, aller chercher toujours plus loin, ouvrir les yeux… enfin ce n’est que ma conception des choses…
Hâte de vous lire à nouveau!
Ah si, juste un bémol : je ne suis pas cynique. Je hais le cynisme, qui est pour moi la plaie de début de XXIe siècle. Le cynisme, c’est la droite décomplexée, la gauche sécuritaire et la Beigbeder littérature. Non merci. (Je respire. Je me calme.)
« Ironie mordante ou grinçante » vous conviendrait-il mieux?
Non mais laissez « cynique » dans votre article, il ne manquerait plus que l’auteur grincheux vous influence ! Je tenais juste à préciser (et de plus, je l’ai, hélas, été pendant tellement longtemps, cynique, qu’il doit bien m’en rester quelques onces entre les lignes…)
Je n’allais pas changer mon article, c’était une tentative de définition plus proche de la réalité!
Ton article donne vraiment envie de lire ce livre… qui m’intrigue beaucoup du coup…
Il vaut le détour…