Des mots, une histoire

25 Mai

Revoici la récolte de mots d’Olivia… J’avoue que je suis restée un moment à regarder les mots, ne trouvant pas l’inspiration tant la récolte était variée. Et puis, j’ai écrit ce petit texte après vu que quelqu’un était arrivé sur mon blog avec la requête « j’ai acheté un cahier et je vais écrire mon premier roman », je pensais écrire une histoire plutôt légère mais je n’ai pas réussi… Je n’avais pas envie de  publier ce texte car je ne le trouve pas  intéressant mais tant pis, j’avais promis de participer alors le voilà… Soyez indulgents! (Si jamais vous débarquez pour la première fois sur ce blog, ne partez pas, je dois pouvoir m’améliorer!!)

Les mots étaient: nuage – moustique – calendrier – burlesque – candide – orage – canaliser – déluge – caresse – antidote – craquant – quatrains – calvitie – briquet – soleil – amadou – hallucinant – genou – foudroyer – mousse – promesse – langue – fesses – colère

Mon texte…

Elle était là, devant sa page blanche, le crayon en l’air à attendre l’inspiration.

C’était  sa nouvelle lubie, elle ne dormait plus et ne voulait plus qu’une chose : raconter une histoire pour devenir célèbre. Après tout cela fonctionnait pour d’autres alors pourquoi pas elle.

Mais le problème c’est qu’elle n’avait jamais écrit.

Son mari la regardait avec désespoir, il était habitué à ces projets fous qui ne se concrétisaient jamais. Il trouvait cette idée absurde et était persuadé que sa femme n’avait aucun talent et qu’elle perdait son temps. Il la regardait assise à la table de cuisine, son cahier posé sur la toile cirée décorée de petites fraises, le regard fixé sur l’image du calendrier représentant une de ces photos d’île paradisiaque offrant un ciel rougeoyant sans aucun nuage.  Elle n’arrêtait pas de lui dire qu’ils finiraient leurs vies là-bas, mais il riait : il n’était qu’un ouvrier et elle n’avait pas de travail. Alors son projet de roman, il trouvait cela ridicule.

Pourtant, elle ne vivait plus que pour cela, elle allait y arriver !

Il suffisait simplement de trouver l’histoire, après tout serait facile.

Elle avait tout de suite exclu la poésie, quatrains et alexandrins n’étaient pas à sa portée et puis ce n’était pas vendeur.

Raconter une histoire érotico-burlesque peut être, après tout ça fait vendre non ?

Un peu de fesses, des caresses craquantes, un  vieux tenancier de lupanar odieux, complexé par sa petite taille et sa calvitie, et soudain un homme mystérieux parlant une langue inconnue, dont on devinerait le visage uniquement lorsqu’ il allumerait sa cigarette avec son briquet en or, tomberait amoureux d’une des filles du bordel et arracherait sa dulcinée à cet enfer, envers et contre tout. Un mélange détonnant, tous les ingrédients pour que cela fonctionne.

Elle avait tenté de commencer cette histoire, mais rien ne venait. Ce n’était donc pas la bonne idée. Il fallait passer à autre chose.

Peut-être fallait-il qu’elle s’inspire de ces romans qu’elle aimait tant, à l’eau de rose, où le beau naît dans la détresse et la pauvreté. L’action se déroulerait dans un pays lointain, juste après un événement dramatique : un déluge de pluies torrentielles, des orages foudroyants ravageant tout sur leurs passages, un décor apocalyptique sur lequel viendrait se dérouler une histoire d’amour entre un médecin occidental venu en mission apporter l’antidote à ces morsures de moustiques qui décimaient la population et une jeune malade. Une jolie histoire un peu candide qui ferait pleurer les lectrices et qui serait ensuite adaptée au cinéma, tant le succès serait hallucinant. Elle imaginait déjà la dernière scène : lui, Amadou, le genou à terre demandant à sa belle, resplendissante dans le soleil couchant, de l’épouser.

Elle tenait son histoire, elle en était certaine. Elle n’arrivait plus à canaliser ses émotions et sa ferveur, elle était persuadée que son histoire était la bonne, qu’il suffisait juste qu’elle prenne son stylo et que tout cela serait facile.

Elle avait tenté, pendant des jours et des nuits…

Mais elle avait dû se résigner, elle n’y arrivait pas, rien ne venait.

Elle n’avait aucun talent.

 Il ne suffisait pas de le vouloir, son mari avait ri quand elle lui avait dit qu’elle n’y arrivait pas, lui assénant une de ces phrases assassines dont il était coutumier.

Elle s’était mise à le détester, la colère montait en elle, elle pleurait tous les jours en regardant sa série habituelle, elle marmonnait qu’on lui avait volé son idée, elle commençait à exécrer sa vie, à ne plus savoir pourquoi et pour qui elle continuait à se battre.

Elle se rendait compte que sa vie était misérable, elle ne sortirait jamais de ce carcan, elle pensait vraiment qu’elle y arriverait, qu’elle aurait pu écrire cette histoire, elle se voyait déjà invitée dans les émissions qu’elle regardait à la télé, expliquant pourquoi elle avait écrit son histoire, elle s’imaginait courtiser par des hommes impressionnés par sa plume, dormir dans des palaces, lézarder dans ces baignoires aux robinets dorés, remplies de mousse qui la faisaient tant rêver.

Mais non, elle resterait dans cet appartement ridicule en banlieue, rien ne viendrait la sauver. C’était ainsi. Elle n’était pas née du bon côté, elle ne pouvait que rêver. La vie n’était faite que de promesse, mais aucun ne se réalisait, juste du vent, des mots en l’air. Mais un jour, rêver ne suffit plus, vivre devient trop pesant, trop lourd et alors dans ce cas, il vaut mieux partir…

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14 Réponses vers “Des mots, une histoire”

  1. wens. 25 mai 2012 à 09:25 #

    Elle tient son sujet: sa vie…une vie qui est celle de millions de femmes qui rêvent d’un ailleurs, d’amour….

  2. Ceriat 25 mai 2012 à 10:51 #

    Très bel exercice. 😀 Ton texte est une invitation à l’écriture et d’évasion. 😀 J’aime beaucoup le ressentit du personnage. 😀

    • insatiablecharlotte 25 mai 2012 à 11:00 #

      Merci beaucoup!! On est vraiment très mauvais pour se juger soi même car je trouvais ce texte vraiment pas abouti et laborieux…

  3. Oncle Dan 25 mai 2012 à 10:57 #

    J’ai bien aimé ton texte. Une histoire bien menée qui ménage le suspense et donne envie de lire… Bravo !

    • insatiablecharlotte 25 mai 2012 à 11:00 #

      Waouh merci beaucoup… Je suis très étonnée de vos commentaires car je n’étais vraiment pas satisfaite!

  4. terhischram 25 mai 2012 à 13:05 #

    Oh, une histoire d’inspiration. La première que je lis avec les mots proposés 😉

  5. Valentyne 25 mai 2012 à 21:20 #

    Elle doute d’elle mais pourquoi n’y arriverait elle pas ? ! Ne pas écouter les mauvaises langues qui disent « cela ne marchera jamais « 

  6. lucie 25 mai 2012 à 21:37 #

    et bien pour quelqu’un de pas inspirée, tu t’en sors super bien !!!

  7. Violette Dame mauve 25 mai 2012 à 22:43 #

    Le syndrome de la page blanche, cela m’arrive rarement mais cela arrive quand même. Ne pas se laisser aller et reprendre un autre jour…
    Bon texte
    Amitiés
    Violette

  8. soene 28 mai 2012 à 08:41 #

    Ayé, tu peux acheter un cahier et commencer à écrire ton premier roman !
    Bonne semaine et bisous d’O.

  9. elcanardo 28 mai 2012 à 19:18 #

    Doucement pessimiste… La page blanche est un mal certain et bien répandu. En tout cas, toi tu as bien fait de nous présenter les mots écrits qui nous ont livré une jolie histoire.
    Coincoins inspirés

Trackbacks/Pingbacks

  1. Silence | Désir d'histoires - 25 mai 2012

    […] de Violette Dame mauve, terhischram, jakline en commentaire, marlaguette, Mind the gap, lilou, insatiablecharlotte, Valentyne, Erika, Ceriat, Pierrot Bâton, wens, Eeguab, antonio, elcanardo, Shirshasana, covix, […]

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